Foutrak number 3 # Black music

 

Black Music, Black Power!
La musique s'ancre (noire) dans l'histoire...

Des champs (chants) de coton au chant(-âge) des prisons,
des chaînes de fer aux chaînes en or,
(pour reprendre le titre de l'excellent documentaire de Marc-Aurèle Vecchione coproduit et diffusé sur Arte en 2008, également disponible en DVD notamment dans les bonnes bibliothèques ;-)
la musique noire a rythmé l'émancipation des afro-américains et inversement...

Alors, c'est parti pour un rapide tour d'horizon en 20 titres et un big up à MGG qui a bien inspiré cette playlist ;-)

#1 "Steam" magnifique morceau de Jazz Cool par le magnifique Archie Shepp qui rend ici hommage à son cousin de 15 ans tué par un policier lors d'une manifestation pour les droits civiques... Il est tiré de l'album Attica Blues, le saxophoniste free jazz tendance Black Power s'est inspiré de la sanglante mutinerie dans la prison noire d'Attica en 1971 pour nous livrer ce très bel opus.

#2 Camille Yarbrough, américaine, actrice, poète(sse?), auteur(-se?), productrice TV, musicienne, activiste et méconnue... Très peu de choses sur elle sur le net et même rien sur le wikipédia français! En France, elle est connue indirectement pour un sample  issu de son unique album "The Iron Pot Cooker" : "Take yo praise" transformé par Fat Boy Slim en 1998 pour devenir "Praise you".
Un petit rappel en vidéo...
L'original
 Camille Yarbrough- "Take yo praise"

 Le sample
 
Fat Boy Slim - "Praise you"

Sur la playlist, "All Hid" est un morceau très intense aux tendances Spoken Word, il est issu de l'excellente double compilation "Black & Proud" sortie chez Trikont, chaudement recommandée à ceux qui désirent aller plus loin sur le sujet Black Music...



#3 "Message From A Blackman" interprété ici par le groupe S.O.U.L. célèbre la fierté noire en 1969. Bien que Civil Rights Act de 1964 interdise enfin la ségrégation, les faits restent bien différents et de nombreux artistes noir-e-s entendent revendiquer haut et fort leur négritude et cesser de raser les murs ou de céder le pas face à l'Amérique blanche.
Pour exemple ces quelques paroles tirées de ce morceau :

No matter how hard you try
You can't stop me now
No matter how hard you try
You can't stop me now
Yes, my skin is black
But that's no reason to hold me back
Oh think about it, think about it,
Think about it, think about it
Think about it, think about it, think about it.


Peu importe tes tentatives
tu ne peux plus m'arrêter désormais (x2)
oui, ma peau est noire
mais ce n'est pas une raison pour me tourner le dos
Pense à ça, pense à ça (x6)
....
Yes, your skin is white
Does that make you right
Walk on and think about it, think about it
Think about it, think about it
Think about it, think about it, think about it.


Oui, ta peau est blanche
cela fait-il de toi quelqu'un de bon
Continue et réfléchis à ça (x6)

D'autres infos sur ce morceau et d'autres versions du morceau sur ce très bon site fait par des prof qui font leurs cours d'histoire/géo par la musique

#4 Dans la même veine Soul revendicatrice, ce "Young, gifted and black" est une chanson de ralliement écrite en 1970 par la très engagée Nina Simone qui composa et interpréta de nombreux morceaux pour la cause Black Power (Mississipi Goddam, Backlash Blues, Four Women ou encore Go Limp). Elle quitta d'ailleurs les États-Unis en 1974 écœurée par les événements (stagnation des conditions de vie de la communauté noire, racisme latent, guerre du Viet Nam...) pour voyager à travers le monde, elle vécu notamment 4 ans au Libéria et finira ses jours en France. Se sentant totalement africaine, ses cendres ont été selon sa volonté dispersées dans plusieurs pays africains.
J'aime les artistes engagés... (je ne compte pas Yannick Noah parmi ceux là car il a quitté la France non pas pour des raisons politiques mais pour rapprochement familial...)

#5 "The Revolution Will Not Be Televised" poème/chanson de Gil Scott-Heron est une charge contre les médias de masse et l'ignorance par l'Amérique blanche de la dégradation progressive des conditions de vie dans les quartiers noirs.
Le chant de Scott-Heron sur cette chanson est quant à lui considéré comme précurseur du phrasé caractéristique du rap.



Pour l'anecdote, Gil est fils d'une bibliothécaire et d'un footballeur... Tout est possible!


#6  Encore un titre très Black Power  avec ce "Am I black enough for you ?" de Billy Paul. Malgré son précédent succès, l'ode à l'adultère "Me & Mrs Jones", ce titre sera boudé du grand public pour être réhabilité dans les années 90 par quelques rappeurs dont cette version de Scholly D :

   Scholly - "Am I black enough for you ?"

#7 Le Rythm and Blues du parrain du funk alias The Godfather of Soul j'ai cité James Brown n'est pas en reste avec ce "Say It Loud (I'm Black And I'm Proud)" qu'il fera chanter à une chorale d'enfant peu après l'assassinat de Martin Luther King en 1968.


 #8 Pour évoquer la Blaxploitation qui prendra une part important dans le revalorisation de l'image des afro-américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires, j'ai choisi "Run Fay run" et non pas Shaft pour changer un peu... De toute façon, les deux sont d' Isaac Hayes
qui participa à l'aventure Blaxploitation  (contraction des mots « black » (qui signifie Noir) et « exploitation ») autant comme musicien et que comme acteur.
A noter que ce titre provient d'une très bonne double compilation Soul Jazz Records dédiée au genre 

Can You Dig It? The Music And Politics Of Black Action Films 1968-75


#9 Ce morceau Jazz Soul signé en 1972 che le label Blue Note est d'une puissance vocale rarement égalée... Ce "Woman of the ghetto" écrit et magnifiquement interprété par Marlena Shaw, dénonce les inégalités sociales et raciales qui gangrènent la société américaine. En tant que femme du ghetto, elle interpelle le pouvoirs politiques, velléitaires et timorés dès qu'il s'agit de prendre à bras le corps la question noire.

La version live de cette chanson a été samplée par St Germain, la preuve en image & son:

 
Marlena Shaw - Woman Of The Ghetto 
(Complete LIVE Version) 


 
 St Germain-Rose Rouge 

 #10 L'exception blanche de cette playlist avec ce "Sweet black angel" des Rolling Stones en soutien à Angela Davis. La militante communiste et féministe fut condamnée à mort en 1972, dans le cadre de la répression qui décima les Black Panthers. Elle fut acquittée en partie grâce à une immense mobilisation internationale...
En aparté, comme tout n'est pas rose au sein du militantisme, il faut noter qu'elle se heurte au sexisme d’une partie du mouvement nationaliste noir en prônant que l’homme noir ne peut se libérer s’il continue d’asservir sa femme et sa mère... Et les luttes continuent...

La preuve en image

#11 Autre hommage à une grande figure du mouvement "Malcom X" composée par le chanteur Reggae Winston McAnuff en 1976 interprété ici par Earl Sixteen.
Né Malcolm Little, il change son nom de famille pour « X » expliquant que ce nom représentait le rejet de son « nom d'esclave ».

 Malcom X et Mohammed Ali

#12 Malcolm X joue un rôle important dans la conversion du boxeur Cassius Clay, qui rejoint officiellement Nation of Islam en 1964, et change son nom pour celui de Cassius X, en l'honneur de Malcolm. Clay prendra ensuite le nom de "Muhammad Ali" d'où ce titre très Groovy de Sir Mack Rice issu d'une compilation entièrement dédiée à l'icône moderne "Hits And Misses : Muhammed Ali And The Ultimate Sound Of Fistfighting" sortie chez Trikont en 2003.


#13 Burning Spear est une figure historique du mouvement Reggae avec Bob Marley et The Gladiators, ses paroles défendent le peuple dont il vient, l'héritage et la cause rastafari. Il est également un des premiers et seuls chanteurs de reggae à chanter à la gloire de "Marcus Garvey". Ce leader noir jamaïcain du XXe siècle (1887-1940) est considéré comme un prophète par les adeptes du mouvement rastafari, d’où son surnom Moses ou The Black Moses, Moses se traduisant par Moïse en français.
Précurseur du panafricanisme, il se fait le chantre de l’union des noirs du monde entier à travers son journal The Negro World et le promoteur obstiné du retour des descendants des esclaves noirs vers l’Afrique (ce qu'on appelle le "Back to Africa").

 Marcus Garvey

#14 "Blackman Fighting For Liberty" un dernier titre Reggae sans hommage cette fois, juste pour conforter les prises de position politique de cette musique avec The Mighty Diamonds (littéralement "Les Diamants puissants") un groupe de reggae jamaïcain créé par Lloyd Judge Ferguson, Fitzroy Bunny Simpson et Donald Tabby Shaw en 1969.

#15 The Last Poets est un groupe musical new-yorkais formé par des voix et des percussions, considéré comme précurseur du rap et du hip-hop. Formation emblématique de la radicalisation de nombreux afro-américains en témoigne ce Poème chanté utilisant la rhétorique du Black Panther Party pour dénoncer la passivité de la population noire face à une société qui les rejette... "Niggers Are Scared Of Revolution"
Si vous voulez entendre et voir ce que ça donne :




#16 The Message délivré par Grandmaster Flash and the Furious Five en 1982 est un véritable Hymne historique du hip-hop, le morceau est l'un des premiers (en tout cas le premier à être diffusé sur support discographique) à introduire un discours politiquement et socialement engagé, au travers du récit par un habitant du Bronx de ses frustrations et combats au quotidien.

#17 Le premier grand groupe de Rap conscient américain, Public Enemy. Formé en 1982, ce groupe se compose essentiellement de Chuck D et Flavor Flav au chant et de Terminator X aux platines et du groupe de danse S1W. Ils sont les pionniers d'un nouveau rap militant et connus aussi pour leur célèbre slogan "Make love, fuck war".
Don't believe the hype, des textes radicaux tendance Black Power (comme vous pourrez le constater visuellement dans la vidéo ci-dessous) pour appeler à la constitution d'un contre pouvoir à l'Amérique blanche.

"Fight the power" par Public Enemy

#18 Un des premiers groupe Gangsta Rap avec N.W.A (Niggaz With Attitude, ces négros en colère) qui dès son premier album dénoncera les bavures policières de Los Angeles comme avec ce titre sans équivoque "Fuck the police" marquant le début des "Parental advisory" sur les pochettes de disque.


 
 Il a de la chance Explicit... 

#19 Saul Williams est tout aussi énervé en 2003 avec sa Fusion Rock Hip Hop. La "List of demand (Reparation)" est longue...

 Saul Williams
(vous pouvez le croiser à Paris il réside actuellement ...

 ...une photo sans barbe, ça change un homme quand même)

En plus d'être beau, c'est l'une des grandes figures de la génération hip-hop en tant que poète, acteur, rappeur, chanteur et musicien. Il est très connu pour son mélange de poésie slam et de hip-hop et il est célèbre au cinéma pour son rôle principal dans le film Slam.

#20 Finissons sur une douce Soul note d'espoir soufflée par Sam Cooke fin 1963. A cette date, il est l'un des artistes noirs les plus populaires de tous les temps. L'aisance économique due au succès, alors exceptionnelle pour un afro-américain, lui permet d'envisager sérieusement l'indépendance totale dans la création artistique. Alors qu'il approche le métier de producteur, le chanteur empreint son travail du contexte socio-culturel de l'époque, c'est ainsi qu'il écrit "A Change is Gonna Come" (sur son 16e album "Ain't that Good News"). Elle est devenue un standard et fut notamment reprise par Otis Redding et Bill Frisel.

Et voilà pour ce mois-ci,
j'attends vos commentaires...